La confrérie des Eveillés

La confrérie des Eveillés

Le Nouveau Modèle de Développement Marocain

La confrérie des éveillés vous salue, Tahiyatina, Grettings to all, Un saludo cordial a todos,

 

Tout d'abord, nous tenons à féliciter tous les acteurs du formidable travail collectif qui a réunit 36 Marocains du monde et du Maroc; dix mille citoyens contributeurs à titre individuel ou en tant que représentants des diverses acteurs du pays tels que les partis politiques, les administrations, les associations, et plus de 2 millions de citoyens Marocains. Un remarquable travail sociologique, économique, et politique. Avant d'entamer son commentaire et son enrichissement, il convient d'identifier dans quel contexte et cadre il survient car un bon diagnostic est la base d'un traitement pertinent.

 

Systémiquement, l'anthropocène progresse, les lois universelles de la physique notamment thermodynamiques œuvrent, en conséquence le cycle historique de croissance, ses effets notables sur la démographie et le niveau de vie, entamée voici plusieurs millénaires et accéléré sur les trois derniers siècles est en passe de s'inverser voire l'est déjà dans certaines régions du globe.

Structurellement, l'état nation est devenu la norme après plusieurs siècles de consolidation et les tentatives globales  - réminiscences des oppositions nomades / sédentaires- se heurtent aux fondements anthropologiques et sociologiques humains à la base de toutes sociétés, les racines historiques, la terre, et l'affectio societatis.

Culturellement, le monde est en ébullition sous l'influence conjointe de la démographie, de l'alphabétisation de masse, du digital, et fracturé entre un modèle idéologique post-moderne dominant de type prométhéen prétendument "civilisé" et des modèles plus traditionnels connotés "barbare" portés par les pays émergents du reste du monde.

Economiquement, depuis 2008 la crise s'installe amplifié par l'épiphénomène C19 et le modèle du new-deal datant de 1930 cassé par le néo puis l'ultra libéralisme s'essouffle devant la finitude de la croissance et la perspective d'une crise de la demande solvable malgré la profusion de liquidités.

Industriellement, la quatrième révolution est en marche, et sa conjonction avec le mythe prométhéen et le constat d'une sixième extinction de masse interroge.

Géopolitiquement, le paysage évolue rapidement. Le monde unipolaire n'est plus, l'occident décline notamment en Europe, l'hégémon est concurrencé de manière multipolaire, et ses limes en Europe de l'est, au Proche-Orient, dans l'Afrique subsaharienne, en Asie du sud-est sont en ébullition après 20 années de chaos, dixit la Yougoslavie, et les autres.

En synthèse, un panorama qui invite à la prudence et à une prise en compte prospective voire disruptives des grandes tendances.

Quand au Maroc, après vingt ans de développement notamment d'ouverture politique et libérale ayant transformé le royaume, la situation depuis 2015 s'enlise dans une géopolitique régionale tendue, des tensions politiques internes, une économie au ralenti, une crise sociale latente dans un contexte de boom démographique et de sentiment d'inégalité largement partagé malgré l'ouverture obligée vers le PJD en 2011, la volonté affichée de la gouvernance suprême "SM le roi des pauvres", et d'un état volontaire. La nécessité de recréer un consensus et une dynamique patriote et nationale s'est imposée.

 

Elle trouve sa première manifestation dans ce rapport de 167 pages. Le cadre conceptuel théorique est avant tout positiviste, il s'inscrit dans un cadre idéologique d'inspiration occidentale et libérale mêlant Keynes et Friedman. Il met en avant des concepts tels que l'approche genre, le choc de compétitivité et productif, l'endettement, la mobilisation de la diversité pour plus de cohésion, et l'émergence d'un Maroc des régions. Au-delà de la noblesse des concepts, il convient d'observer qu'ils s'inscrivent dans la droite ligne d'un discours géopolitique mondialiste et d'une approche de type business "Mission, Vision, Valeurs, Objectifs".

 Venons en au rapport, il se synthétise par son slogan "Libérer les énergies et restaurer la confiance pour accélérer la marche vers le progrès et la prospérité pour tous", et les quatre axes de transformation retenus : l'économie productive, le capital humain, l'inclusion solidaire, et les territoires durables. C'est une œuvre de continuité qui a vocation à créer le consensus et à consolider le cadre, le but, les structures, les facteurs, et les acquis des années du développement des années 2000-2020. 

Il faut saluer ce travail collectif, mené dans des circonstances exceptionnelles, qui a mis à contribution sur la durée un panel pluridisciplinaire de qualité que nous apprécions à sa juste valeur pour en être un fervent admirateur et un critique constructif. 

 

Abordons l'étude et ouvrons le débat.

L'enrichissement du diagnostic de l'environnement, par les tendances prospectives, la situation géostratégique, le benchmark quand aux modèles réussis de par le monde, de réflexions et d'analyses sociologiques aurait aidé à clarifier les enjeux et les défis du Maroc ainsi que les déficits et les points forts. Entre autres, une culture d'une richesse inouïe, un esprit d'indépendance affirmé, une forte résistance à l'adversité, une sobriété légendaire, une solidarité puissante, une noblesse d'âme et une bonté exprimant cette quintessence de l'orient et de l'occident unie dans une Andalousie disparue physiquement mais présente dans tous les esprits.

Economiquement, il faut saluer le courage de la mise à bas du dogme du déficit malgré le fait qu'il intervienne dans un contexte fort contraint ou les marges de manœuvres se réduisent drastiquement. Le dogme d'une dévaluation compétitive du Dirham gagnerait à être étudier en réponse aux faiblesses structurelles de l'économie, au potentiel démographique et intellectuel, à la nécessité d'envisager une autosuffisance accrue, au déficit structurel de la balance commerciale, et l'impératif d'un relais de croissance à la consommation interne. La question cruciale de l'énergie se doit d'explorer les voies alternatives au discours vert dominant et ouvrir la voie au nucléaire incontournable comme réponse pragmatique aux enjeux environnementaux qui nous attendent. La question de la sécurité et de la défense avec son budget de 5 milliard de $ est un facteur clé de la réflexion dans le sens ou il pourrait être le contributeur par excellence de ce boost  financier, technique, moral par son utilisation effective et efficace d'instrument d'éducation et de mobilisation national. L'exemple de l'Egypte au-delà de ces travers est significatif. Enfin sur le plan géostratégique et économique, le pays a une vocation marchande, une diaspora très active, une façade maritime de premier plan alors même qu'il subit un blocage régional. L'opportunité de le faire exploser via des investissements massifs dans le maritime ne doit pas être négligé et le futur port de Dakhla est un signe positif.

Le nouveau modèle devrait peut être tendre vers une puissance maritime autosuffisante duale, culturelle et économique notamment marchande et industrielle, dotée de l'énergie nucléaire gage ultime de pleine souveraineté et de sanctuarisation du territoire national.

 

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Soyons curieux, que nous apprend l'Histoire ?

Le Japon a en 1867 a décrété une transformation "l'ère de Meiji" qui en 40 ans lui permit de repousser une des plus grandes puissances mondiales la Russie. Les clés de ce fulgurant rattrapage furent une transformation des structures sociales, politiques, éducatives, économiques, et industrielles appuyés par un fort sentiment national, un transfert technologique et une appropriation des concepts modernes via une méthodologie simple " apprendre, faire, améliorer", et une gouvernance forte et unie.

Plus près de nous dans le temps, les modèles réussis se trouvent en majorité en Asie; dans la sphère culturelle du Maroc, l'Egypte de Mehmet Ali, la Syrie des années soixante, la Turquie d'Atatürk, l'Iran pourraient servir de référence; dans l'histoire du Maroc, les empires Almoravides, Almohades, Saadiens, Alaouites du XVIIIe siècle sont autant d'exemples de positionnement géostratégique pertinent dans un contexte donné.

Soyons réaliste, la transformation vers une thalassocratie correspond peu à l'histoire du pays même si elle est au XXIe siècle un impératif à déployer sur une à deux générations. A la lecture de l'histoire, l'impératif d'une transformation top-down s'impose, il gagnerait bien évidemment à être renforcé par une rétro action populaire bottom-up.

 

Soyons analyste, que nous apprennent les chiffres ?

Sur le plan des chiffres, l'équation du développement Marocain, c'est tout d'abord résoudre l'incohérence entre le classement mondial en terme de PIB en ppa, soit le 58e rang avec 300 Milliard de $ donc une puissance moyenne régionale, et le classement en terme de PIB par habitant en ppa soit le 147e sur 195 pays corrélé avec un IDH qui situe le Maroc au 121e rang.

 En un mot, le Maroc est un pays riche qui répartit de manière déséquilibrée ses richesses sur la population avec un impact notable sur la qualité du développement humain sous toutes ses composantes, santé, éducation, emploi, culture, politique et donc sur son avenir.

 La deuxième équation du Maroc, c'est de tenir son rang de 40e puissance démographique, donc de le traduire en valeur ajoutée et en PIB en ppa. Pour donner une référence, il conviendrait d'atteindre le niveau de PIB de la Suisse soit 520 Milliard de $, et un IDH du niveau de l'Espagne ou l'Italie soit 0,89 versus 0,67 pour le Maroc.

En un mot, le Maroc est un pays riche par l'échange, qui produit peu et reste dépendant.

 

En conclusion, l'effort est louable, la volonté est là, ce sont les briques de base d'une réflexion et d'un engagement plus poussé. Néanmoins la capabilité fait défaut car la dynamique d'un développement accéléré implique des facteurs qui ne sont actuellement pas complétement réunis au Maroc, notamment sur la plan de la gouvernance, des contingences, des financements, et des choix géostratégiques. A contrario, le soft power Marocain, sa culture, ses Hommes, et son Roi, reste un atout sans égal à maximiser.

 

"Il n'est de vrai fierté pour une nation, que de la qualité des Hommes et des Femmes qui la composent"

 

Tous nos vœux de développement réussi au Maroc et à son peuple.

Tahiyatina

 

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30/05/2021
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