La confrérie des Eveillés

La confrérie des Eveillés

Le Maroc, creuset spirituel et de tolérance aux confins de l'Occident ?

Salamou aleikoum, Azul fellawen, Shalom, Un saludo cordial, Greetings to all, Bonjour à tous, Guten Tag, Dobry den,

 

La confrérie des éveillés vous salue et vous souhaite bonne fête, que les vents soient avec vous.

 

En cette période exceptionnelle qui voit les trois grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme, et l'islam se rencontrer autour de Pessah, Pâques, et Ramadan, la confrérie a souhaité approfondir ses connaissances et échanger sur le cas d'un pays Africain, aux confins de l'occident, étonnant réceptacle de nombreuses spiritualités et de mélanges (nous dirions aujourd'hui fusion) aussi improbables les uns que les autres jusqu'en ce XXIème siècle.

 

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Ce pays, c'est le Maroc, situé à l'extrême nord-ouest de l'Afrique, il fut jusqu'à la découverte des Amériques considéré comme l'extrême occident (Al Maghrib Al Aqsa) ou la fin du monde... par toutes les immigrations ou envahisseurs qu'ils proviennent de l'est à l'image des Arabes, ou du Nord à l'image des Visigoths.

 

Selon la légende et Solon homme d'état Athénien, nous sommes au royaume des Atlantes et des colonnes d'Hercule. Selon l'état de nos connaissances actuelles, le Maroc est peuplé depuis 700 000 ans av. JC soit depuis le paléolithique inférieur ainsi que le prouve la "Vénus de Tan-Tan". On y retrouve en 2017, vers Safi les plus vieux reste d'Homo sapiens datant de plus de 300 000 ans. Les traces se perpétuent au paléolithique moyen, et supérieur ou l'on constate la présence de flux entre l'Afrique du nord et le Proche-Orient et/ou l'Ibérie jusqu'à -9 000 ans avec ce que l'on nomme le peuplement Ibéromaurusien. C'est à ce moment du néolithique qu'apparait, selon les sources génétiques, en provenance de l'est la civilisation capsienne. Son influence perdure jusqu'au quatrième millénaire av. JV et s'accompagne de la naissance de l'agriculture et de la sédentarisation.

 

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Les discussions sur l'origine du peuplement berbère, était il originaire de l'est ou du nord ou d'origine autochtone, sont encore vivaces. Néanmoins nous pouvons dégager un consensus sur le fait que, contrairement aux croyances répandues, il y a eu continuité du peuplement depuis le paléolithique, auquel sont venus s'agglomérer des échanges en provenance du Proche-Orient. En synthèse, les berbères sont le mélange issue des autochtones et des peuplements majoritairement venus de l'est notamment les Capsiens. L'intermède jusqu'à l'Antiquité reste nébuleux, néanmoins, il n'est pas contestable que les Maures (Berbère) soient les dépositaires d'une culture très ancienne, atlanto-méditerranéenne, remontant au néolithique, comme l'atteste le cromlech de M'zora vers Asilah qui peut être mis en relation avec des sites mégalithiques comparables comme Carnac et Stonehenge en Europe.

 

A partir de l'an mille av. JC, les sources historiques écrites apparaissent et permettent de dresser un tableau plus précis de l'évolution. Pour effectuer ce voyage temporel, nous userons de multiples fils d'Ariane spirituels, entre autre le judaïsme, le christianisme, et l'islam qui nous permettrons d'embraser quatre millénaires d'histoire vu sous trois prismes.

 

Les phéniciens, dès le XIème siècle av. JC et notamment sur les côtes marocaine, fonde des comptoirs à Tingi (Tanger), Lixus (près de Larache), Azama (Azemmour) et Cerné (qui serait localisée à Dakhla). La civilisation Carthaginoise prendra le relais : en effet à partir du VIème siècle av. JC, en quête de métaux précieux (extraits des mines de l'Atlas et de la vallée présaharienne du Drâa), de murex (un coquillage très présent aux îles Purpuraires d'Essaouira et utilisé pour produire la teinture pourpre prisée chez les Anciens) et de bois rares des forêts nord-africaines, ils vont commercer avec les populations locales et introduire des éléments culturels propres à la société punique.

La religion, en ces temps là, est animiste et principalement inspirée des dieux phéniciens, comme Astarté, déesse de la fécondité et de la guerre, Melkart dieu de l'expansion et de l'enrichissement; Ba'al Hammon, originaire de Phénicie, est influencé par des apports égyptiens, Ammon était connu en Libye et dans pratiquement toute l'Afrique du Nord, et il est assimilé à un dieu local dont la représentation était également un bélier.

 

 

 

 C'est au IIème siècle av. JC, que les premières traces de monothéisme apparaissent notamment à Volubilis par la présence d’inscriptions funéraires en hébreu et en grec. D'autres sources prétendent, pour l'instant sans preuves tangibles, que des diasporas hébraïques seraient arrivées soit avec les phéniciens, soit lors de la destruction du premier temple de Jérusalem en -600.

En tout état de cause, leur présence est attestée de -200 à 700 ap. JC, avant et pendant les invasions vandales et notamment Wisigoth qui chassent les Romains en 429 avec Genséric, et ouvrent la porte aux Byzantins du Général Bélisaire en 533. Chrétien arien et maitre de l'Hispanie, ceux-ci se convertirent à l'orthodoxie Chrétienne issue du concile de Nicée en 589 et engendrèrent l'émigration des hébreux d'Hispanie vers le Maroc au VIIème siècle. Avant cela, la présence de Rome, depuis -200, propage la culture gréco-romaine au nord du pays comme le montre la carte ci-dessous. Avec Saint Marcel en 298 et six évêchés, la région reste cependant la moins imprégnée de l'empire à sa christianisation.

 

 Toutes ces migrations, invasions, issues de l'est ou du nord depuis plusieurs millénaires, attestent de deux phénomènes clés : la permanence des échanges humains et commerciaux dans les deux sens entre l'occident et l'orient que cela soit par le sud-est ou le nord-est ; la concentration de ces échanges sur le pourtour méditerranéen et nord atlantique du pays, et en conséquence la préservation de l'intérieur du pays des influences politiques externes tout en permettant la perméabilité aux courants de pensées et spiritualités d'abord polythéistes puis petit à petit monothéistes sous ses formes hébraïques et chrétiennes.

En effet, plus au sud, les peuples du Draâ auraient connu une cohabitation parfois pacifique, parfois hostile, entre des entités politiques encore méconnues, notamment un royaume juif et un royaume chrétien. Le judaïsme aurait été apporté après la révolte juive contre Rome en 70 et la destruction du deuxième temple, tandis que le christianisme aurait été introduit comme évoqué depuis la province de Maurétanie Tingitane. Cette civilisation du Maroc présaharien se caractérisait par un important brassage entre les Haratins (Maures noirs, Maures désignant les peuples autochtones issues du premier brassage lors du néolithique entre -9000 et -4000), les Berbères (Maures), les Hébreux et un peuple mystérieux dit du "Cœur de la Mer" (Atlantes ? Phéniciens ? autres ?) selon les manuscrits anciens du Draâ.

 

 

Ainsi le Maroc, avant même l'arrivée de l'Islam au VIIème siècle, aurait déjà été une terre berbère spécifique de rencontre et de spiritualité aux confluents de courants autochtones, du sud désertique, du Levant, et enfin du nord. Très peu d'éléments archéologiques subsistent de cet autre Maroc méconnu et peut être virtuel, néanmoins force est de constater que les données historiques et le contexte de l'époque convergent pour donner une crédibilité certaine à cette lecture.

 

A partir du VIIIème siècle et la conquête de Oqba Ben Noucair en 711, les archives s'enrichissent et autorisent une lecture plus fine de l'évolution du creuset spirituel Marocain. La confrérie n'étant pas experte en théologie notamment maraboutique, se permettra de l'aborder avec humilité et de manière non exhaustive étant donné la richesse en la matière.

 

La conquête des omeyyades de Damas se confronte aux Berbères, dès 739, lors de la grande révolte menée par Maysara Al Matghari gagné aux idées Kharijites d'Irak. Il faut l'intervention du gouverneur d'Egypte Handhala Ibn Safwan en 742 pour stopper les armées aux portes de Kairouan en Tunisie. L'affaiblissement et la chute du califat omeyyade de Damas permet aux omeyyades de Cordoue de prendre l'Espagne et voit le Maroc se déliter en petites principautés jusqu'à l'avènement en 789 de la dynastie Idrisside. L'histoire veut qu'Idriss 1er, Chiite de la famille de Ali (quatrième calife et gendre du prophète Mahomet que la paix soit sur lui), soit venu se réfugier pour échapper aux persécutions du califat des Abbassides de Bagdad. Une autre veut que ce soit la tribu berbères des Awarbas qui l'ait fait venir pour conforter son assise politique par une alliance avec un Shérif descendant du prophète.

 

De là nait le Maroc contemporain et le noyau état qui donnera naissance au Maroc moderne quatorze siècle plus tard. 

 

 

 

De cette époque, on ne garde plus trace de populations christianisées à l'inverse d'une présence hébraïque toujours plus forte et continuellement enrichi d'apport andalous vers les centres urbains principaux. Leur présence est aussi recensé à Sijilmasa (aujourd'hui Rissani dans le Tafilalet) et Tlemcen. Elle se renforce avec la chute de l'Andalousie, entre 1392 et 1492 respectivement avec la chute de Séville qui donne lieu à des migrations vers Debdou, Meknès, Fès, et Grenade qui voit -après le décret de l'Alhambra- les Séfarades se réfugier à Tanger, Tétouan, Fès, Meknès et sur la cote Atlantique à Rabat, Salé, et Mogador (Essaouira aujourd'hui). L'expulsion des juifs du Portugal en 1496 voit également des marranes (juifs convertis pratiquants en secret leur religion d'origine) s'installer au Maroc.

 

L'accueil des Tovarachim (Marocains juifs) vis à vis des Megorachim est difficile, ils questionnent leur foi sur fond de rivalités. Finalement, les Megorachim imposent progressivement leurs institutions et traditions religieuses aux Juifs autochtones là où ils s'implantent. Dans les communautés du nord du Maroc, ils assimilent complètement les Tochavim. C'est aussi là que se développe la branche occidentale du judéo-espagnol, la langue haketia, fondée sur l'espagnol, l'hébreu et l'arabe et différente du ladino, parlé dans l'Empire Ottoman. De cette histoire subsiste aujourd'hui dix-sept saints/rabbins et lieux de pèlerinages.

 

LES 36 SAINTS JUIFS MAROCAINS.

 

L'islamisation du Maroc, depuis le VIIIème siècle, transforme le pays en une terre sainte, qui voit se mêler l'islam sunnite malékite religion d'état à une profusion de confrérie soufie et maraboutique. A l'instar, entre le Xème et le XIIIème siècle, des empires Almoravides et Almohades berbères venus du sud et de l'Atlas porteurs de visions rénovatrices, le pays vit dans un tumulte religieux permanent rappelant la naissance de l'Islam. On retrouve toute la symbolique avec la proclamation d'un prophète, d'un califat, d'un nouveau pèlerinage et donc d'une nouvelle Mecque, opposé à un Islam de saints locaux baignant l'ensemble du pays jusqu'à son sud profond. Aujourd'hui encore, les confréries sont innombrables, et rayonnantes jusqu'en Afrique subsaharienne à l'image de la tariqa Al Tijaniyya.

Carte 1 : Haltes religieuses sur les chemins du « Pôle » tijane : lieux cités dans l’article

 

De cette configuration, et après une phase de déclin et de colonisation, nait le Maroc spirituel actuel, terre des saints musulmans malékite, soufie, et hébreux.

 

La confrérie des éveillés espère que ce partage a éveillé votre curiosité et vous sollicite tous pour son enrichissement au travers de commentaires, notes, ou images. Ainsi nous serions heureux de toutes informations relatives à la photo ci-dessous datée de 1912 ou 1913.

 

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12/05/2022
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