La confrérie des Eveillés

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Etat Arabo-islamique, modernité et changement ( rubrique du 17 au 23.08.2015)

Bonsoir à tous frères par l'esprit et quelque soit votre origine votre religion, votre couleur, ou votre sexe.

Tahiyati li jamii el insane kayfa kana lawnouh, aslaho, dinoho, ow jinsoho

 

 

C'est de manière prémédité que je reprends ce titre de Abdallah Laroui ( malgré une petite modification pour une meilleure compréhension, qu'il me pardonne mon humilité acquise), car le sujet, et c'est le moins qu'on puisse dire, est d'actualité.

 

Avant de commencer mon propos, je précise son cadre qui sera mondial car l'islam et la modernité sont des phénomènes à l'échelle de la planète, démocratique car la modernité passe par cet état politico-social, et enfin historique car j'utiliserais la méthode comparative. La maille historique sera l'échelle des nations modernes et historiques. Quand je compare l'Islam, je compare son application concrète -'l'état arabo-islamique' dans un corpus social ou pays ou nation. Le terme arabo désigne le modèle d'état en dehors de toute considération limitative quand au terme 'arabo'. La perspective du changement sera quand à elle abordée au final pour replacer le sujet dans un cadre de science artificielle avec le concept de la configuration, de la stabilité, et des typologies.

 

Allons y par un raisonnement par l'absurde pour prouver que la question mérite d'être posé.

Si l'état arabo-islamique (EAI) est moderne, la loi s'applique à tous les citoyens de manière équivalente. Si l'EAI est moderne, tout citoyen peut s'unir avec dans son pays avec un autre citoyen a minima quelque soit sa religion, sa couleur ou autre critère. Si l'EAI est moderne, toute citoyenne est l'égale de l'homme en tout. Si l'EAI est moderne, le peuple gouverne par les urnes et tout le système est redevable de compte et de bonne gestion.

L'histoire contemporaine et passée nous confirme que cette EAI n'a pas existé, et n'existe toujours pas, sauf peut être en Tunisie et en Turquie.

A l'inverse, la modernité s'incarne t'elle dans un EAI. De la même manière, la réponse est négative.

 

Se poser la question est donc justifié. L'EAI dans sa version classique devra évoluer pour entrer dans la modernité, ce qui implique a minima une évolution de la Charia et de manière plus large des équilibres socio-économico-culturels voire de l'idéal commun ou l'âge d'or des Califes. En est-il capable ?

 

Faisons un rapide éventail des expériences historiques. L'empire Ottoman, avec en corollaire Mustafa Kemal; la révolution perse de 1905; l'indépendance tunisienne, les révolutions Baas et socialistes des années 60; la révolution iranienne, autant d'expériences et autant d'échecs à l'exception de la Turquie et de la Tunisie. Notons que la plupart de ces expériences sont de nature brutale ( coup d'état, dictature) et d'ampleur limitée même si tout est relatif.

 

La réponse est négative dans le cadre de l'histoire actuelle. Quel sont les blocages ?

Premier élément de réponse, la difficile juxtaposition d'un cadre étatique moderne et d'un cadre religieux collectif tout en préservant les droits des minorités.

Deuxième élément de réponse, la notion de référence culturelle et morale qui s'exprime au travers de l'attachement à ce que nous nommerons la cité idéale en référence à l'époque du Prophète Sidna Mohammed Sala Allah Alayhi Wa Salam. Cité idéale qui n'existe pas et qui n'a jamais existé car le prophète lui-même, en fin stratège politique qu'il était, a renversé la puissante famille des qoraich pour s'imposer. En ce sens c'est un vrai Che Guevara des temps anciens !

Troisième élément, la structure du corps social qui s'appuie sur la notion de tribu et d'appartenance tribale. Il faut se rappeler que l'état n'a jamais existé au sens moderne du terme avant le XX siècle et suite à la décolonisation. Auparavant, l'état s'imposait dans ce que j'appellerais le bled accessible par opposition au bled inaccessible qui lui restait réfractaire à toute notion de fiscalité, d'administration et d'état.

 

En conclusion, je peux dire qu'effectivement l'EAI et la modernité ne font pas forcement bon ménage et qu'un changement s'impose si nous souhaitons aller de l'avant vers cette modernité à laquelle il faut aspirer. Le temps ne s'arrête jamais !

Ce changement devra être incrémental et évolutif sous peine de le voir capoter.

 

Bonne soirée.



21/08/2015
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