La confrérie des Eveillés

Salamou aleikoum, Greetings to all, bonjour à tous, un saludo a todos, dobry den,

La confrérie de éveillés vous salue et vous souhaite santé, bonheur, et prospérité à vous et vos proches.

Le thème de ce jour a pour ambition de devenir un article annuel que nous aurons le plaisir de vous soumettre tous les ans à la même période.

Notre bilan va s'articuler autour des trois dimensions méso, macro, et micro avec pour point de référence à notre réflexion l'Afrique du Nord.

Au niveau mondial, sans conteste l'évènement majeur a été l'arrivée d'une présidence démocrate aux USA dans un contexte de pandémie C19 interminable, suivie de tensions croissantes aux frontières Ukrainienne, Biélorusse, Arménienne entre l'OTAN et la Russie , d'une aggravation de la situation en mer de Chine avec le cas de Taiwan et de l'AUKUS, l'évacuation chaotique de l'Afghanistan malgré un traité signé quinze mois auparavant, d'une évolution très lente de la reprise de contact sur le dossier Iranien, et enfin du retour d'une idéologie inspirée de la guerre froide - reléguée au second avec plan sous la présidence Trump - tendant à opposer "démocraties de modèle occidental" et "autres structures étatiques" qui regroupe tous les états opposés à l'hégémonie Américaine. De ce point de vue, le croissant Afrique - Moyen-Orient-Asie centrale semble la zone de toutes les enjeux et rivalités, de la Lybie, au Kazakhstan en passant par le Sahel. A ce titre, la répartition de la diffusion des vaccins anti C19 dessine la futur tri polarité en devenir et le pouvoir réel des oligarchies financières et économiques en place.

Sur le plan sanitaire, la pandémie tend à se dissoudre dans la population mondiale pour revenir à une forme de grippe endémique peu létale mais très contagieuse. On peut estimer que le retour à la normale s'approche sans préjudice des utilisations politiques extrêmes qui peuvent en être faites.

Au niveau économique, 2021 aura été une année de redémarrage perturbée par les aléas des chaines d'approvisionnements mondiales dans un contexte d'indicateurs méso-économiques en graves détériorations avec le creusement du taux d'endettement de quasiment tous les états, une inflation en hausse, une profusion de liquidité creusant la déconnexion entre l'économie réelle et financière, d'une hausse inéluctable à terme des taux d'intérêts, et d'un chômage en lente résorption (?) sur fond de troubles sociaux en croissance. Le cocktail est explosif et augure de mauvais vents de radicalisation croissante entre les classe aisées et les classes populaires-moyennes en voie de paupérisation.

Sur le plan idéologique, la pandémie aura ouvert une fenêtre d'opportunité notable pour les régimes d'où qu'ils soient et qui le souhaitaient (Français, Chinois, Israélien, etc...), pour raffermir leurs emprises sur leurs population via une modification des lois et des systèmes facilités par la généralisation des états d'urgences, ouvrant la voie à des politiques de contrôle technologique des masses confortant un peu plus la vision d'un choc mondial entre deux hémisphères : une civilisation global high-tech post démocratique sorte de fuite en avant post moderniste universelle et un monde en voie de consolidation nationale conciliant de manière plus ou moins mesurée tradition et modernité pour tenter de converger vers une contemporanéité hymne à l'équilibre harmonieux des Hommes.

Il est un fait que l'idéologie dominante d'inspiration OCDE pousse vers la concrétisation d'un découpage à la Samuel Huttington, avec un soutien constant à un islamisme radical politique visant à la destruction des frontières et des états, de tentatives réussies ou non de remodelage de régions stratégiques, de décisions unilatérales contraires au droit international, d'activités de terrorisme d'état comme l'a prouvé l'élimination du général Soleimani en Irak, le tout sous-tendu par une propagande continue militant pour le droit des ultra minorités, l'approche genre, l'ultralibéralisme, l'individualisme, la diversité, l'immigration tout azimut, le progrès assimilé à la technologie, et autres valeurs visant avant tout à la déconstruction de ce qui fut pour mieux établir ce qui doit être, et générant de fait des tensions sociales dans les sociétés développées elles-mêmes. 

Un des conséquences de cette idéologie hégémonique, sans cœur, ni âme, ni poésie, est la prolifération de radicalismes primaires spontanés ou manipulés à l'instar d'un Zemmour en France ou d'un Zelenski en Ukraine, sans évoquer la multiplication des mouvements qualifiés de terroristes de quelques obédiences qu'ils soient curieusement dans les régions convoitées.

La confrontation entre ces deux blocs se concrétisent dans le système numérique ou le monopole Américain se trouve concurrencé par le réseau Chinois et Russe, et dans le domaine énergétique enjeu stratégique sous-jacent à toutes les tactiques et points de tensions.

Dans la grande région EMEA (Europe - Middle East - Africa), rien ne vas plus. Objet de tous les enjeux, l'Europe (Ukraine, Biélorussie, Chypre) , la Méditerranée, l'Afrique du Nord (Lybie, Tunisie, Algérie), l'Afrique Subsaharienne (Mali, Tchad, Niger, RCA, Madagascar, Ethiopie, RDC, Burkina Faso), le Moyen-Orient (Irak, Syrie, Liban, Yémen, Arménie, Kazakhstan, Afghanistan)  voient s'éterniser ou s'initier des situations de chaos la transformant en la poudrière centrale ou s'opposent toutes les puissances mondiales, régionales, et locales.

La Méditerranée et l'Afrique, notamment du Nord concentrent tous les intérêts, du fait de la prolifération des acteurs, de la faiblesse des états locaux, des ressources énergétiques avérées ou potentiellement exploitables, des routes de communications maritimes et numériques, et de son potentiel agricole, minier et démographique qui intéresse avant tout la Chine dépendante qu'elle est en énergie, ressources minières, et terres arables. L'Afrique du Nord se voit ainsi exposée à un risque de reconfiguration entre ses deux pôles historiques l'Egypte et le Maroc sur fond de triple opposition USA/Chine/Russie, Turquie+Qatar/Russie/Iran/Israél/Arabie Saoudite+EAU+Egypte, et Maroc/Algérie.

C'est dans ce contexte, que le sahel se voit profondément déstabilisé, que l'instabilité en Lybie voire un risque de fragmentation en trois perdure, que la Tunisie s'enfonce dans une contre-révolution s'inspirant du modèle politico-sécuritaire, que l'Algérie affaiblit s'engonce dans une transition aux allures de fin de règne soviétique ouvrant la porte à une déstabilisation majeure de toute la région. Le prochain sommet de la ligue Arabe, s'il a lieu, permettra de confirmer ou non son isolement complet et donc la chute probable du régime en place. 

Il en est de même économiquement, tous les états traversent une transition post covid des plus difficiles et complexes du fait de leurs faiblesses initiales, des endettements croissants, des perturbations dans le commerce mondial, et du gel des IDE. La Turquie voit sa monnaie prendre l'eau, le Liban est en banqueroute, la Tunisie ne vaut pas mieux, l'Algérie a consommé plus de deux tiers de ses réserves en devises, l'Europe du Sud peine à récupérer, l'Egypte et le Maroc sont sous perfusions. Seuls les états du Golfe, aux réserves financières gigantesques, se retrouvent dans une position somme toute confortable voire opportune pour accroitre leurs influences.

L'Afrique, même si elle est un enjeu majeur du futur, reste sous intégrée et insignifiante à l'échelle du globe. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre et déchiffrer son image ambivalente d'Eldorado pour celui ou ceux qui réussiront à se l'attacher et d'épée de Damoclès du XXIème siècle pour toutes les régions limitrophes.

L'absence de l'UE confirme sa marginalisation. Géant économique, elle est reléguée depuis Trump au rang de puissance régionale, son déclin profite à une Allemagne qui en devient de manière graduelle le centre de gravité économique, financier, et politique. Le départ de Madame Merkel et l'alternance avec le SPD ne devrait que renforcer son alignement transatlantique au détriment des intérêts nationaux européens notamment du sud et pour son plus grand profit. Un rapprochement avec la Russie ne peut avoir lieu car il est la clé qui permet à l'Allemagne de maitriser ses alliés de l'est et ainsi verrouiller son contrôle sur l'UE et sa superstructure technocratique dixit Mintzberg.

La trajectoire de l'UK est digne de son histoire et laisse présager d'une explosion à terme de cette construction artificielle et incohérente. Nous renvoyons nos lecteurs aux discours de Charles de Gaulle, Philippe Séguin pour y voir plus clair.

C'est dans ses eaux troubles que navigue un Maroc renforcé par sa diplomatie efficace, sa gestion du covid et sa résilience, mais malgré tout affaiblit d'un point de vue économique et social par la crise et ses répercussions. La reconfiguration politique suite aux dernières élections semble incapable d'insuffler au pays cette dynamique -malgré un plan d'investissement public massif pour 2022 de l'ordre de 25 milliard de $ à mettre en rapport avec un PIB de 120 milliard de $- qui lui permettrait de sortir de ses déficits structurelles tant au niveau budgétaire qu'au niveau du solde de la balance extérieure impliquant un refinancement constant et permanent de son économie, que du sous-emploi chronique. Le Nouveau Modèle de Développement, au-delà de ses aspirations positives, porte en lui les germes de son échec, du fait de son ancrage idéologique néolibéral et mondialiste désaligné avec le fond anthropologique et socio structurel national, la compétitivité de son économie, et les contingences externes qui s'imposent  en l'occurrence un absence d'intégration régionale qui obère d'approximativement 3% la croissance, et du fait démographique qui réduit à néant toutes tentatives de décollage réel. Les perspectives restent, malgré tout et comparativement, positives dans une région fortement affaiblit comme évoquée précédemment. 

Nous terminerons sur une note positive, dans le sens ou le cours de l'histoire, s'inscrit dans nos prospectives vers un rééquilibrage des relations internationales en direction d'une gouvernance mondiale multilatérale, soit le meilleur gage d'un équilibre à même de permettre la diversité des pensées, des cultures, des modes de vie, et donc de la liberté. Bonne année, bessaha oul afia à tous.

Tahiyatina